Le Cameroun Français 1916-1960

période coloniale période de tutelle

L'histoire du Cameroun français se subdivise en deux périodes bien tranchées: la période du mandat, que l'on peut aussi appeler la période coloniale (1916-1945) et la période de tutelle encore appelée période de décolonisation (1945-1960).

La période coloniale

Le caractère particulier du Cameroun s'imposa à la France qui en fit un commissariat de la République autonome, c'est à dire un territoire non intégré à l'AEF, Afrique Equatoriale Française. Ce faisant, la France adopta un programme intensif de l'enseignement du français sur l'ensemble du territoire camerounais, institua la législation française et entreprit un programme de mise en valeur des ressources économiques du Cameroun. En parallèle, la France adopta une politique de contrôle des populations qui comprenait la prise en charge des populations lors des grandes épidémies (le cas du Docteur Jamot dans la lutte contre la maladie du sommeil en est un bon exemple) ou alors la promotion des francophiles: Charles Atangana ainsi que d'autres chefs indigènes furent invités à aller en France et Paul Soppo Priso fut promu président de la JEUCAFRA (Jeunesse française Camerounaise)
 

La période de tutelle

Au lendemain de la seconde guerre mondiale, le Cameroun est placé sous tutelle de l'Organisation des Nations Unies.

Nouvelles Constitutions

Après la seconde guerre mondiale, la France adopta deux nouvelles Constitutions (1946 et 1958) qui, notamment, permirent aux populations camerounaises de participer à la gestion politique et économique de leur territoire.

* Des assemblées locales furent crées (ARCAM, ATCAM et ALCAM)
* des camerounais furent élus dans les assemblées métropolitaines (l'Assemblée Nationale Française, l'Assemblée de l'Union Française, le conseil économique)
* des syndicats indigènes devinrent fonctionnels


Les questions d'indépendance et de réunification

Elles furent posées par l'UPC, Union des Populations du Cameroun, premier parti indigène nationaliste créé le 10 avril 1948. Une telle évolution ne plut pas à tout le monde. Les colons français furent les premiers à manifester leur mécontentement par rapport aux conclusions de Brazzaville. Le 15 avril 1945 à Yaoundé, ils créèrent l'Association des Colons du Cameroun, AS COCAM. Cette association organisa à Douala le 5 septembre 1945 les États Généraux de la colonisation française dont la principale conclusion était de s'opposer à l'application des résolutions de Brazzaville. Ce fut l'escalade qui se termina par des heurts meurtriés des indigènes, à Douala, les 24,25 et 26 septembre 1945.
La question de l'indépendance et de la réunification resta la pomme de discorde qui perturba les relations entre Français et Camerounais tout le long de la deuxième période. Lancée par l'UPC dans son programme politique dès avril 1948, cette question ne fut pas acceptée dans un premier temps par la France.

La France autorisa la création de partis politiques hostile à l'UPC. Elle leur permit de créer des partis politiques hostiles à l'UPC. Ce furent l'ESOCAM, l'INDECAM, la BDC, etc...
L'UPC quant à elle ne se laissa pas déborder par ces nouveaux partis et, n'ayant pas pu gagner les élections qui lui auraient permis de porter cette question dans les assemblées locales, elle se tourna vers l'ONU où elle fit entendre sa voix à la commission des tutelles.


Élimination du parti UPC

La France s’employa à combattre l’influence de l'UPC, marquée par les événements de mai 1955, au cours desquels de nombreux camerounais furent tués. L'UPC fut accusée d'avoir occasionné ces événements et par une décision prise en conseil des Ministres, le gouvernement français interdit ce parti et ses organes annexes. L'UPC ayant été mise hors jeu, on assista à un vide politique que les camerounais essayèrent de remplir sans grand succès. Paul Joppo Priso tenta de créer un mouvement d'action nationale destiné à reprendre les slogans de l'UPC mais son succès fut de courte durée. L'administration française quant à elle profita de ce vide politique pour faire une nouvelle avancée politique au Cameroun. Ce fut la loi cadre Gaston Deferre avec la création de l'État sous tutelle du Cameroun dont le Premier Ministre fut André Marie Mbida. Cette avancée ne résolut pas le problème du Cameroun car bien que mise hors jeu, l'UPC restait toujours très active dans la clandestinité. Pierre Messmer, le nouveau Haut Commissaire tenta, par Mgr Mongo interposé, de prendre contact avec Um Nyobe en vue de trouver un terrain d'entente. Cette démarche du prélat Bassa aboutit plutôt à une recrudescence de la violence.

Vers l'Indépendance du Cameroun

L'administration française s'engagea alors dans la voie qui devait aboutir à l'indépendance du Cameroun sans l'UPC. André Marie Mbida, qui ne suivait pas, fut démissionné et à sa place, on choisit Ahidjo qui accepta de jouer le jeu de la France. Après l'assassinat de Um Nyobe le 13 septembre 1958, la France s'employa à accorder l'indépendance à ses affiliés conduits par Ahidjo. L'UPC fut contrainte à l'exil et le 1er janvier 1960, Ahidjo put prononcer cette phrase :

Camerounais, Camerounaises
le Cameroun est libre et indépendant

Le texte de l'indépendance